Publié le 22 avril 2016
La transition vers l’industrie 4.0 représente un triple défi pour les entreprises : technologique, humain et organisationnel, affirme le think tank « La fabrique de l’Industrie ». Dans un document publié mi avril 2016, intitulé « mutations industrielles et évolution des compétences », elle pointe l’automatisation et la digitalisation des processus de production qui impactent l’emploi, menacent les postes à faible valeur ajoutée et exigent des ouvriers qualifiés l’acquisition de nouvelles compétences pour de nouveaux métiers.
Le futur est en marche et déjà en action dans de nombreuses usines qui doivent désormais « fabriquer dans un temps plus court, plus proprement, parfois « sur mesure » à̀ la demande des clients, et offrir de nouveaux services » expliquent en préambule Thibaut Bidet-Mayer et Louisa Toubal, les deux auteurs de la note de synthèse publiée par La Fabrique de l’Industrie en avril 2016. Or si les industriels sont aujourd’hui très focalisés sur la dimension technologique de cette révolution, ils en oublient un peu les enjeux humains, estiment les deux chargés d’études. « Ce moment d’appropriation des nouveaux outils correspond à̀ une phase naturelle du processus de transition. Toutefois, l’introduction de technologies de rupture et la diffusion toujours plus importante des outils numériques posent aussi des enjeux humains, qui ne peuvent être évacués du débat » constatent les auteurs. À la clef, selon eux, la disparition annoncée et souvent déjà réalisée de nombreux postes à faible valeur ajoutée au profit des salariés les plus qualifiés « chargés du contrôle de ces machines ». Ces mêmes ouvriers qualifiés doivent désormais élargir leur périmètre d’activité pour devenir multitâches à l’intérieur d’un même métier. Une montée en compétences qui doit nécessairement s’accompagner, de la part des entreprises, d’un investissement dans la formation pour « soutenir la montée en qualification des salariés » et leur apprendre à « gérer des données, développer de nouvelles capacités cognitives d’abstraction, de représentation et d’anticipation. »
D’un point de vue macroéconomique, les transformations de l’appareil de production se traduiront sans doute également par la disparition de certains secteurs et la mise en place d’une « gestion active des reconversions pour les salariés » concernés avec des passerelles métiers comme celles existant par exemple entre l’automobile et l’aéronautique. Un programme qui suppose de dépasser les « inégalités d’accès à la formation » insiste La Fabrique de l’Industrie qui rappelle que « sur la période 2008-2010, seuls 36 % des ouvriers ont bénéficié d’une formation continue, contre 60 % des cadres et professions intermédiaires ».
Philippe Flamand